Leçon d'Espagne...

Les résultats des élections législatives espagnoles du 3 mars 1996 ont plutôt constitué une relativement bonne nouvelle. En effet, après 13 ans de pouvoir ininterrompu, nos camarades du P.S.O.E. ont obtenu à eux seuls 37 % des suffrages, à 1,5 % de la droite.

Nous considérons souvent, à juste titre, les partis sociaux-démocrates allemands et scandinaves comme des modèles. Mais l'exemple espagnol est au moins aussi intéressant. Comme la France, l'Espagne est un pays latin, les socialistes ont dû faire face aux affaires, à l'usure du pouvoir, à la crise économique, et les syndicats n'ont pas la force et l'unité de leurs homologues nordiques. Le P.S.O.E. a obtenu un score qui n'est pas comparable à celui du P.S. français en 1993, et I.U., regroupant communistes, écologistes et extrême-gauche a très peu progressé.

Les socialistes espagnols ont concilié volonté de modernisation, esprit européen, et n'ont pas eu de complexe vis-à-vis de l'extrême-gauche. Leur ligne de conduite a connu peu de bouleversements brutaux (à l'exception peut-être du maintien dans l'O.T.A.N.). Un rapport au pouvoir moins personnalisé et la manière de trancher certaines affaires (n'hésitant pas à reconnaître certaines erreurs) ont sans doute limité l'éloignement d'un certain nombre de citoyens des socialistes. L'Espagne bénéficie il est vrai d'un vrai système parlementaire, ce qui n'est pas le cas de la Ve République.

Felipe Gonzalez aura sans doute un rôle à jouer dans l'avenir, en Espagne ou en Europe. Il pourrait jouer un grand rôle dans la constitution d'un vrai parti socialiste européen. La présence de Lionel Jospin au grand meeting de Barcelone, quelques jours avant le vote, montre que les partis socialistes de chaque pays ont des destins liés. Les expériences de nos voisins doivent nourrir nos réflexions.

Gilles Vollant